L’empreinte de la colonisation marque durablement les sociétés africaines en imposant des modes de vies souvent éloignées de ce qu’aspirent à vivre les autochtones. Pourtant quelques temps avant les indépendances, des auteurs européens posent un regard critique sur les « bienfaits » des civilisations coloniales.
Tandis que les premiers films créés par des Africains dans les années 60 dénoncent la position des colonisateurs, il faut attendre bien plus tard pour que les Occidentaux abordent profondément la question.
Le documentaire est alors l’occasion d’évoquer les traumatismes familiaux que la colonisation a provoqué dans les communautés européennes ("Oltremare" de Loredana Bianconi). Nous aborderons cette approche qui permet aussi d’explorer les racines du métissage entre les continents, et les désajustements qui peuvent en résulter. ("Les enfants du blanc" de Sarah Bouyain)
Mais la grande question qui occupe aujourd’hui les auteurs de documentaires africains, semble être l’émigration accélérée qui vide le continent de ses forces vives. Nous parlerons de ces déplacements qui inspirent la production contemporaine. ("Barcelone ou la mort" d’Idrissa Guiro et "Atlantiques" de Mati Diop).
Il convient aussi d’évaluer une alternative au désir de migration, en explorant le désir de revanche sur la colonisation qui motive les jeunes Africains sur leur territoire ("Vivre riche" de Joël Akafou). Car les rapports tendus, conflictuels ou idéaux, entre le continent et l’Occident se situent aussi dans l’intime, la référence à la psychologie et aux traumatismes profonds qui circulent entre les êtres ("Ce qu’ il reste de la folie" de Joris Lachaise)
De l’histoire personnelle à l’examen des mouvements de groupe, de la recherche des racines à la revendication de l’exil, du désir de s’émanciper aux souffles de l’esprit, les documentaires présentés nous permettent de mesurer ce que représente « la colonisation et ses convulsions ».
Michel Amarger