Des élèves du collège Louise Michel de Clichy-sous-bois chantent la musique composée pour eux par Ernest Dawkins. Le saxophoniste américain a laissé à des lycéens de la Seine-Saint-Denis le soin d’écrire les textes. Ceux-ci parlent de la cité et de la vie. Une chanteuse, une pianiste et un percussionniste les font répéter pendant deux mois. La musique composée par Dawkins, "The Last Diaspora", se fraie petit à petit un chemin dans le quotidien de ces jeunes de banlieue. Une semaine avant le concert, l’artiste arrive à Chicago. Il se rend dans les classes, improvise avec ses musiciens un standard de jazz, explique sa démarche et prend en charge la direction de cent cinquante choristes, des percussionnistes et trente musiciens de la fanfare. Dawkins dirige tout le monde avec des mimiques et des grands gestes, utilise tout son corps pour solliciter et canaliser l’énergie des jeunes et la restituer ensuite dans sa musique. "Le plus important - répète-t-il en anglais - c’est de me regarder." Captivés par le personnage, les jeunes interprètes s’appliquent comme jamais et son mot d’ordre "Watch me", prend un sens nouveau le jour du concert, lorsque, placés sur le devant de la scène, ils se produisent en public.
La quintessence de l’enseignement d’Ernest Dawkins se résume à une musique originale entièrement tournée vers le futur, tout en revendiquant clairement l’héritage afro-américain à travers le blues, les polyphonies de la Nouvelle-Orléans, le swing, le be-bop, le funk et le hip hop. Pour Ernest Dawkins, la musique est une discipline spirituelle, et son orchestre est conçu comme un relais dans la chaîne de la tradition, réalisant pleinement le vieux rêve d’un héritage partagé, conférant alors à sa musique une résonnance à part. Il obtint par ailleurs de nombreux prix, dont beaucoup concernaient son action auprès des écoles.
Dawkins a en effet également pris le temps de partager son génie musical et son savoir avec les jeunes défavorisés de Chicago. Il enseigne depuis 1989 la musique à la "Chicago Public School System". Fort de cette expérience, il travailla aussi à "Urban Gateway’s Educative Performances Program for schools" et au "Chicago Park District", permettant alors à des jeunes élèves d’origines très diverses, de trouver un moyen de médiation et d’expression pacifique et culturel. Cette action trouve son prolongement dans le projet Banlieues Bleues ; où le musicien s’investit et partage son art auprès des jeunes de la banlieue nord de Paris, dont le métissage culturel trouve écho dans la musique éclectique d’Ernest Dawkins.