Synopsis
En s’ancrant d’abord dans le « mouvement vert » de 2009, The Silent Majority Speaks questionne la sédimentation de la mémoire visuelle du peuple iranien comme processus nécessaire à d’impérieuses mobilisations, vers la fabrique commune de nouvelles représentations.
Au commencement de The Silent Majority Speaks, il y a le « mouvement vert » de 2009. Ce soulèvement civil en faveur d’un islam démocratique, comptant sur la mobilisation de nombreuses femmes, a pris place suite aux élections présidentielles d’alors, soupçonnées de fraude. Bani Khoshnoudi, présente à Téhéran au moment des événements, a filmé les Iranien·ne·s en révolte, au jour le jour. Toutefois, The Silent Majority Speaks dépasse l’urgence d’un témoignage au présent pour remettre en mouvement un siècle de l’histoire de luttes contre l’oppression en Iran. En faisant dialoguer au montage ses propres images avec l’art du found footage (des vidéos aux pixels fébriles de manifestants, mais aussi des plans officiels, glacialement hiératiques, du dernier Chah), Bani Khoshnoudi questionne la sédimentation de la mémoire visuelle d’un peuple comme processus nécessaire à d’impérieuses mobilisations, vers la fabrique commune de nouvelles représentations. « La
tyrannie veut nous pousser à un profond silence. Mais les gens ont parlé et nous n’avons plus l’amnésie pour nous diviser car nous avons désormais ces images face à nous » proclame en ce sens une manifestante. Bani Khoshnoudi, qui a d’abord signé son film sous le pseudonyme de « Silent Collective » confiait à Nicole Brenez que The Silent Majority Speaks est le « fruit des archives collectives que les gens en Iran ont inconsciemment construites ». C’est sans doute l’une des forces principales de ce film : parvenir à articuler la pratique démocratique retrouvée dans l’espace public, avec joie, par une partie de la population iranienne en 2009 avec une pratique du montage comme conception d’une agora, où chaque image finit par nous parler car toutes les images dialoguent entre elles.