Terra d’Avellaneda
Daniele Incalcaterra
France, 1992, 90 min / Couleur

Terra d’Avellaneda, Daniele Incalcaterra, France, 1992, 90’

Synopsis

« L’Argentine est prise entre une volonté d’oublier, de tout recommencer, afin d’ouvrir les perspectives de reconstruction économique, et un refus de laisser s’éteindre les souffrances afin qu’elles témoignent toujours de l’Histoire ». Daniele lncalcaterra

“Lorsque je saurai ce que sont devenus mes parents et mon petit frère, ma vie pourra commencer” déclare Karina Manfil, 20 ans, marquée à jamais par ce jour du 27 octobre 1976 où les forces de sécurité donnèrent l’assaut à son domicile, emmenant ses parents, militants péronistes, et son petit frère. Elle sollicite l’aide de l’équipe argentine d’Anthropologie FORENSE qui a entrepris un vaste travail de recherche des victimes de la dictature.
Daniele Incalcaterra filme l’enquête. Il suit le processus d’exhumation et d’identification jusqu’à la restitution et l’inhumation des parents de Karina. La densité de la mise en scène, la rigueur du montage, nous font vite oublier l’aspect macabre du sujet pour ne retenir que le sens de cette quête : mettre fin à la torture morale que représente l’incertitude de Karina, comme pour les autres familles des 30 000 disparus en Argentine. Nous suivons avec émotion les différentes étapes du travail minutieux des anthropologistes qui sont les véritables héros du film. Terra d’Avellaneda lutte avec talent contre l’oubli, contre la volonté officielle du gouvernement de Carlos Menem de “tourner la page”, pour restituer au peuple argentin une part importante de son histoire.

À propos du film

“J’ai vécu en Argentine de 1969 à 1981. J’avais 22 ans pendant la dictature. J’étais étudiant et proche des groupes militants de gauche. Du fait de ma nationalité italienne, j’ai échappé à la répression. Lors de mes derniers voyages, en 1991, je me suis rendu compte que l’Argentine entre dans une nouvelle problématique dont le centre est la mémoire et l’oubli. Lors de mes rencontres avec l’Equipo Argentina de Antropologia Forense, qui a entrepris un vaste travail de recherche des victimes de la dictature, j’ai rencontré Karina Manfil, cherchant les corps de sa famille disparue en 1976, sans deuil ni sépulture. J’ai décidé de tourner un film, en suivant le processus d’exhumation et d’identification, jusqu’à la restitution et l’inhumation de la famille Manfil.
La mémoire et l’oubli ce n’est pas seulement d’un côté les coupables, de l’autre les victimes. A cette alternative se mêle des enjeux politiques et économiques, des illusions, des volontés et des croyances personnelles.
Le pays est pris entre une volonté d’oublier, de tout recommencer, afin d’ouvrir les perspectives de reconstruction économique, et un refus de laisser s’éteindre les souffrances afin qu’elles témoignent toujours pour l’Histoire. Entre ces deux, il y a le travail de ceux qui essaient de reconstituer l’Histoire et de la raconter pour permettre d’une part à ceux qui l’ont vécue de regarder vers l’avenir et d’autre part à ceux qui ne l’ont pas vécue de ne pas l’oublier.
L’Argentine est au cœur de ce problème humain et social qui se répète sans cesse dans l’histoire des peuples. “ 
Daniele Incalcaterra

Générique

Titre

Terra d’Avellaneda

Réalisation

Daniele Incalcaterra

Image

Daniele Incalcaterra

Son

Patrick Genet

Montage

Claudio Martinez

Production

Voleur
ZDF
La Sept ARTE
INA (Institut National de l’Audiovisuel)

Distribution

Documentaire sur grand écran

Pays

France

Année

1992

Support

35 mm