À propos du film
" Cavafy est mon poète de chevet depuis plus de vingt ans. Je l’ai utilisé dans plusieurs de mes films. Il y a des citations de lui dans Paris, mon petit corps… \n, des bouts de phrases introduites dans le courant les dialogues. Il y a plusieurs des poèmes d’amour de Cavafy que je connais par cœur et qui m’accompagnent tous les jours. Marguerite Yourcenar, dont j’ai repris la traduction, les appelle les « poèmes érotiques ». La sensualité des poésies de Cavafy m’a semblée adéquate à la sensualité des rues et des gens de Damas et d’Alep. L’association des deux m’a tout de suite parue évidente. Le poème dit « reviens souvent et prends moi sensation bien aimée ». Il y a quelque chose qui a disparu et qui pourtant est présent, c’est du « passé présent », c’est exactement ce que j’ai ressenti dans ces deux villes de Syrie. Contrairement à l’Occident, où l’on est obsédé par l’actuel, où il n’y a que du présent, en Orient, l’histoire et le passé sont toujours présents. Et puis le choix du poème, c’est aussi parce que le film était une déclaration d’amour à quelqu’un. J’ai essayé de faire quelque chose où le désir soit tangible, où on l’éprouve. Pas le désir d’une seule personne, un désir qui n’est pas fixé sur un seul objet, mais qui vous envahi et qui vous prend."
Extrait d’un entretien avec Franssou Prenant réalisé par Sylvain Maestraggi
Revue Images de la culture n°21, mai 2006, p.66-67 (numéro à retrouver sur le site du CNC)