À propos du film
De nouveau donc, après On est là (2012) ou Rêve d’usine (2001), Luc Decaster s’attaque au thème de la lutte. De nouveau, dans ce documentaire, il s’en va filmer des situations et des gens qui sont communément l’objet des caméras journalistiques, et donc du formatage médiatique.
De nouveau, il réalise une œuvre lumineuse, qui renouvelle la représentation d’un monde qu’il connaît bien pour y vivre depuis des années : celui de la périphérie urbaine, dont Argenteuil est ici fait étendard. Le cinéaste affirme lui-même qu’il « filme le quotidien des oubliés de l’histoire, ceux à qui la presse ne s’intéresse qu’à la suite d’un évènement qui peut faire spectacle, attirer des clients spectateurs ». Incontestablement, le film leur rend un bel hommage.
Benjamin Chevallier - leblogdocumentaire.fr
Mon engagement ne s’exprime pas seulement dans mes choix de filmer des ouvriers licenciés, des personnes sans-papiers ou des victimes de violences policières. Il s’affirme dans mon indépendance et particulièrement dans mes choix formels.
Je tiens par exemple à ce que les personnages filmés puissent s’exprimer pleinement en tant qu’individus, avec toutes leurs capacités gestuelles et créatives. Ceci m’oblige à consacrer du temps à chacun, pour chacun. Et plus tard, en montage avec Claire Atherton, nous aimons préserver des plans intégralement dans leur durée. Ces temps d’un réel non découpé permettent, à travers les gestes et les mots, que se dévoile une personnalité ou une situation. Ce sont ces longs plans séquences qui peuvent laisser au spectateur le plaisir de découvrir, puis d’imaginer d’autres choses, au-delà des personnages, qui le concernent plus intimement.
Extrait d’un entretien avec Luc Decaster pour le dossier de presse