Un "Maraké", c’est LA fête qui regroupe l’ensemble des pratiques culturelles du peuple amérindien, et qui est l’occasion pour certain d’entre eux d’accéder à l’âge adulte par une série de danses effectuées jusqu’à épuisement. C’est également un rite de régénération sociale, permettant à la communauté de reprendre ses marques et de réaffirmer son identité, sa préparation et son organisation étant tout aussi essentielles que son déroulement en lui-même. Sur fond d’organisation de cette grande fête, vous entendrez les principaux organisateurs (francophones) expliquer pourquoi il est vital pour les Wayanas de continuer à organiser ces fêtes, les problèmes d’identité auxquels ils sont confrontés depuis que, dans les années 80, les contacts avec le monde occidental se sont multipliés… Vous entendrez André Cognat, français métropolitain "adopté" par les wayanas en 1967 et fondateur du village d’Antecumpata, qui vous éclairera également sur les mutations que vivent les amérindiens au fond du fleuve Maroni. Vous entendrez enfin un médecin, une élue, une procureure au tribunal de Cayenne, qui finiront de présenter les enjeux posés pour les générations à venir.
Invité par les amérindiens à tourner afin de laisser une trace filmée de cet évènement majeur, il ne m’a pas été possible à l’époque, et pour des raisons évidentes de réactivité, de produire ce documentaire dans des conditions classiques. Il a ensuite vécu une longue traversée du désert… Le taux de suicides chez les jeunes wayanas était en 2014, 14 fois supérieur à la moyenne nationale. J’ai conservé le contact avec les intervenants du film qui ne demandent qu’une chose : que l’on considère leurs problèmes, que l’on s’occupe de la jeunesse. Je suis également en contact avec Jean Chapuis, ethnologue (CNRS) de référence sur ce peuple qui a vu ce travail, qui connait les villages et les intervenants du film et qui a validé son propos.
Aucun autre maraké n’a pu être organisé, les chamans disparaissent, les chants s’oublient progressivement…