À propos du film
"Ce n’est ni un documentaire sur les causes de la guerre ni une œuvre dédiée au miracle du pardon. Non, simplement un film qui donne à entendre et à voir le refus, compliqué, têtu, conquis, construit, de la haine de l’autre. Et c’est saisissant. Parce que la douleur est là. Parce que le deuil est là. Parce que l’ennemie est là. La femme qui a passé trois mois à se cacher dans la forêt, cette forêt-là, avec deux mille autres personnes, ne peut pas oublier que, parmi celles qui viennent manifester avec elle, il y a des représentantes de la même nationalité que les gens qui tiraient sur eux. Elle ne l’oublie pas. Elle surmonte, elle déplace, elle transforme ce qui pourrait demeurer haine brute, ressentiment généralisé, c’est là la beauté de ce film, nous donner à pressentir, à ressentir l’extraordinaire courage de ces femmes ordinaires, qui ont perdu un mari, un fils, au nom d’une identité, nation ou confession, et qui refusent que ce soit synonyme de force de mort. Elles n’ont probablement pas toutes la même analyse politique, elles viennent de milieux différents, elles ne parlent pas toutes la même langue, mais toutes acceptent de se nommer, de se situer, de raconter, sans aucune sentimentalité, et si nous avons les larmes aux yeux, c’est leur dignité, leur intime héroïsme qui nous les fait venir." Evelyne Pieiller – L’Humanité (4 mars 2005)