À propos du film
« Ce film est constamment dédié à la parole d’un homme, ce film ne nous montre que ce qu’il voit. Et du même coup, directement, ce qu’il croit. (…)
Cette voix fait partie de ces hommes à tout faire que l’on rencontre dans les cimetières maghrébins, jeunes chômeurs qui trouvent là de quoi se faire quelques sous en rénovant les tombes ou vendant l’eau, l’encens, le pain qui permettent les gestes rituels, voire en disant quelques sourates. "La main qui reçoit l’argent est toujours en-dessous" : sans statut légal, c’est bien d’une forme de mendicité qu’il s’agit. La voix sans visage en a honte, préfère dire qu’elle est mécanicien ou à l’usine. Mais ce travail ne la met pas seulement socialement à l’écart du monde : "Les morts me font vivre, ce sont les vivants qui me font peur". Habilement, le film oppose l’espace recueilli du cimetière au brouhaha des rues de Tunis. Le dehors et le dedans (…)
La survie devient ici une expérience spirituelle, un apprentissage du respect qui va jusqu’à la reconnaissance des codes puisque ce jeune chômeur que l’on devine peu conformiste en vient même à condamner les couples indécents et parler de sacrilège. Cette survie qui puise son énergie dans le respect de la mort la transforme en puissance de vie. Le Refuge, qui aurait pu n’être que la description sociologique d’un phénomène urbain, se fait ainsi une magnifique évocation à la fois poétique et mystique du recul qu’engendre la conscience de notre mortelle destinée." Critique de Olivier Barlet (août 2004), à retrouver sur africultures.com