À propos du film
Une petite chanson, la vente d’une maison familiale, une mère, un frère et sa sœur, réflexions, anecdotes, évocation nostalgique, émotion qui affleure et pourtant on reste bien élevé, pas d’effusion, la grande branche du vieux frêne tombe, « Papa s’est rasé la moustache », la voix de la sœur prend doucement sa place de narratrice ; imperceptiblement une mécanique inexorable se met en place, une mécanique du doute, d’une innocence impossible, du trouble de la mémoire - flou de l’image, un film en éloge du flou -, ou plutôt de la mémoire du trouble, le passé recouvre le  ; présent pour envahir la maison, « … mon cahier, au dos il y avait la table de multiplication. J’ai demandé : « Est-ce qu’on a le droit de faire ça ? ».
A partir de là, c’est le spectateur qui est emporté par une lame de fond. Toute la beauté du film de Perrine Michel réside dans ce mouvement, cette douce force avec laquelle il vous prend, vous emporte et vous submerge, sa violence est bien celle d’une lame de fond qui vous cueille et vous retourne pour vous laisser sur la grève, étourdi mais grandi : spectateur, Perrine m’a donné à vivre le pire, comme un appel au meilleur.
Denis Gheerbrant.  ;
Paris, mars 2013
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