Synopsis
L’orchestre souterrain, ce sont ces musiciens exilés à Paris qui jouent dans le métro. Heddy Honigmann en a rencontré certains qui racontent leur histoire, souvent une histoire de survie, dans laquelle la musique tient une place primordiale.
Ce film consacré à des musiciens en exil à Paris pourrait être misérabiliste, il est joyeux au contraire, en raison de la qualité des interprètes. Ce ne sont pas seulement d’authentiques musiciens dont nous admirons le talent, ce sont aussi des personnages hors du commun, forgés par les épreuves. Ils viennent d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine, d’Europe centrale. Une guerre, un coup d’Etat, une conviction idéologique, les ont jetés hors de chez eux et la plupart sont dans l’incapacité d’y rentrer. Ils connaissent la dure loi de l’exil et s’y soumettent sans broncher. C’est avec le sourire qu’ils nous livrent des lambeaux de leur histoire dont nous devinons qu’elle fut terrible. Ils ne s’apesantissent pas, ils préfèrent jouer. Ils descendent dans le métro, ils trimballent leurs instruments dans les rues de Paris qu’ils nous font redécouvrir. La musique les fait survivre. L’amour de la musique les habite et les sauve du désespoir. Les rencontrer est un cadeau que nous n’oublierons pas.
À propos du film
"Des destins. Le film n’a pas besoin d’en faire beaucoup pour nous tenir scotchés : les personnages que sa caméra croise, tous musiciens, d’abord au détour des couloirs RATP puis au hasard des rues des Halles, de Barbès ou de l’Opéra, ont tous des destins extraordinaires. Tous sont immigrés, et leur parcours jusqu’à nous fut semé d’embûches, d’aventures et de menaces. Leur vie ici n’est pas non plus un long fleuve tranquille. Outre la musique, la dèche est leur lot commun. Il y a Dragan, jeune Yougoslave ayant déserté l’armée ; Malo, ex-prisonnier de Mobutu ayant échappé à la vigilance des gardes du camp où le régime l’avait parqué avec les siens, « comme du bétail » ; Fateh Benlala, Algérien réfugié politique ; et aussi une rescapée du Viêt-nam, un miraculé de la torture en Argentine, un Turc, un Vénézuélien, quelques Roumains mélomanes que Ceausescu et la suite ont fini par pousser dehors. Cette diaspora invisible et sonore qui surmonte la mélancolie de l’exil comme elle le peut, chacun dans un registre musical spécifique (classique, afro-beat, raï"), se raconte en courtes séquences qui forment kaléidoscope. (…)
« L’exil, nous l’avons choisi et nous l’acceptons " et ce ne sont pas les nôtres qui nous mettront en terre », chante Fateh Benlala. Ce n’est pas le moindre envoûtement de l’Orchestre souterrain que de nous montrer Paris comme une station à la fois paisible et rude dans ce voyage du déracinement absolu." Critique de Didier Péron, Libération (janvier 1999)