À propos du film
"À travers l’observation des amours du seul poisson à se mouvoir verticalement, c’est des rapports amoureux que Jean Painlevé parle (il disait que derrière le sujet de tous ses films s’en cachait un autre que lui-même ne découvrait souvent qu’une fois le film achevé). Comme tout syngnathe qui se respecte, le mâle hippocampe nourrit les œufs que la femelle a déposés dans une poche patricielle. Émotion quand, avec ses allures de dragon d’Uccelo (le contraire serait plus juste), l’hippocampe accouche en roulant des yeux en signe de souffrance : encore une des plus belles images de l’histoire du cinéma français, avec celle des accouchements multiples, queues entrelacées… Soulignées par une musique inégale de Darius Milhaud. Pour des travellings au fond de l’estuaire de la Garonne, David, l’ingénieur des studios Pathé, avait bricolé une Sept (petite caméra qui ne permettait de charger que sept mètres de pellicule) dans un caisson étanche : la première caméra insubmersible mobile. Faut-il dire que L’Hippocampe a accouché de tout le cinéma de Cousteau, comme son scaphandre a accouché du scaphandre autonome du commandant Le Prieur (avec qui Painlevé fonda le Club des sous-l’eau). C’est Jean Painlevé, porté à la présidence du CNC après avoir été le président du Comité de libération du cinéma français, qui obtint la pellicule pour le premier film de Cousteau." Hélène Hazéra, Positif, 1990