À propos du film
« En réalisant L’Enfant aveugle en 1964, puis Herman Slobbe, l’enfant aveugle en 1966, le réalisateur néerlandais Johan Van Der Keuken pose un acte de naissance fort, celui d’une certaine façon de filmer le réel, déplaçant les limites du film de création, du film expérimental, du documentaire. Une façon qui laisse une grande part à l’image, au rythme du montage, et au pouvoir d’évocation, une part qui se développe libérée des pesenteurs de « l’argument », du scénario, du commentaire.
(…) C’est sur le regard lui-même que l’on apprend, sur la perception sensorielle du monde par les non voyants. Le film nous fait ressentir au plus près une réalité immatérielle, par la parole recueillie, par le montage, par la musique. (…)
Avant tout discours il faut donc surtout ressentir ces films, qui sont à la fois un langage, l’art corporel d’un homme qui vivait avec sa caméra, et une musique improvisée. Une musique empreinte de beauté, comme dans ces plans où de jeunes aveugles courent lors d’une séance de sport, uniquement guidés par la voix de leur moniteur. Filmés au ralenti, ce que ces corps évoquent de l’enfance, de la fragilité, de la confiance et de la condition humaine, touche au sublime. »
Emmanuel Bacquet, Vidéothèque de la MEP