De loin, il semblerait que le premier film du jeune Thaïlandais Urupong Raksasad (28ans au moment des faits) relève d’un certain genre du cinéma documentaire : l’enregistrement d’une réalité locale, filmée au ras des jours, l’observation d’un quotidien ou rien d’extraordinaire n’arrive - les hommes travaillent au champ, les jours passent. Sauf que dans le titre, Stories from the North, il y a "story". Et qu’une histoire de fantômes racontée par des enfants, épisode qui ne manque pas de faire penser à un autre jeune cinéaste thaïlandais (Apichatpong Weerasethakul, pour ne pas le nommer), vient doucement inquiéter le cours du film. On sent dès les premières images, dès les premiers effets de montage, que le cinéaste entend bien faire découvrir la vie telle qu’elle se passe dans sa région natale, mais il porte d’autres volontés qu’une simple appréhension par une caméra discrète. On tomberait trop facilement dans une certaine doxa propre au documentaire si on disait : ici poésie, là observation. On peut raisonnablement espérer que Stories from the North est autre chose. Une évocation personnelle, sans doute, en forme de patchwork d’impressions, de textures, d’interventions formelles. Ce serait plus juste. La vie dans la campagne du Nord, parmi les processions et les champs, les vaches et les cyclistes, est une histoire extraordinaire.
Jean-Philippe Tessé