À propos du film
« Le monde n’existe plus, on est dans la merveille », s’exclame le pianiste Edouard Exerjean – presque l’anagramme de « j’exagère ». Il n’en rajoute pourtant pas, notre intrépide pédagogue du Conservatoire Maurice-Ravel, dans le 13ème arrondissement de Paris, tant la séance de musique de chambre qu’il dirige autour d’un lied de Schubert, « Le Pâtre sur le Rocher », est paradisiaque.
L’élève assis au clavier est un roc, d’une stabilité imperturbable, la soprano, timbre un peu vert mais pur, est toute sensibilité, le clarinettiste possède un legato inépuisable. La caméra poétique de Marie-Claude Treilhou a vite repéré le bon témoin de ce moment de grâce : le regard éperdu d’émotion et de rêve du jeune Paul Foglierini, qui est entré subrepticement dans le studio de répétition et attend son tour pour travailler une mazurka de Chopin.
Si toutes les classes de conservatoires d’arrondissement respiraient la même ferveur, affichaient la même culture, le même refus de la routine et de la médiocrité ! La générosité, la richesse de référence, la puissance d’évocation de l’enseignement d’Edouard Exerjean, outre sa disponibilité infatigable, sont magnifiques.
Gilles MACASSAR - TELERAMA n° 2742 du 31 Juillet 2002  ;