Tout commence par le rêve d’une impossible rencontre entre Avi Mograbi et son grand-père, Imbrahim, devant leur maison de Damas, en 1920. Quelle langue parlaient-ils ? L’arabe d’Avi est rudimentaire, et son grand-père n’a pas encore appris l’hébreu. Dans ce rêve, le grand-père d’Avi l’informe que sa famille a décidé de quitter la Syrie pour la Palestine, Damas pour Tel-Aviv. Dans ce rêve, Avi décide de rester. « Vous partez pour la Palestine », dit-il à son grand-père, « je resterai et garderai la maison ».
Pour déplacer le rêve dans le réel, Avi se tourne vers son professeur d’arabe, Ali Al-Azhari, et lui propose une association : faire un film ensemble, d’un bout à l’autre, ajoute Ali.
Ali est un palestinien de Saffuriyya, un village près de Nazareth, c’est un réfugié dans sa propre patrie depuis 1948. Il a passé la majeure partie de sa vie d’adulte à Tel-Aviv, marié à une femme juive, avec laquelle il a une fille, Yasmine.
La façon dont Ali a conduit sa vie privée est un défi politique lancé à l’un des fondements de la société israélienne, mais aussi palestinienne : celui de la séparation.
Ensemble, Avi et Ali entament la préparation du film, et commencent à repérer des lieux significatifs de l’histoire perdue qu’ils partagent.
Des lettres filmées en super 8 arrivent de Beyrouth. A peine trois heures de route de Tel-Aviv, pour Ali et Avi, ce sont des années lumière ; un espace sans limite, dont ils ne peuvent que rêver.
Les lettres racontent l’histoire d’amour et la séparation d’ un homme et une femme- Libanais et juifs- déchirés lorsque les frontières du Moyen-Orient sont redessinées.
Dans ce jardin je suis entré fantasme un « ancien » Moyen-Orient, dans lequel les communautés n’étaient pas séparées par des frontières ethniques et religieuses, un Moyen-Orient dans lequel même les frontières métaphoriques n’avaient pas leur place.
Dans l’aventure commune d’Ali et Avi, de ce voyage qu’ils entreprennent vers leurs histoires respectives dans une machine à remonter le temps née de leur amitié, le Moyen-Orient d’antan – celui dans lequel ils pourraient coexister sans efforts- refait surface avec une grande facilité.