À propos du film
« Là-bas, il y a les baraques. À la périphérie de la ville, là où apparaissent des espaces encore vides et fertils. Leurs habitants construisent leur espace de vie sur des lieux que les autres condamnent comme non-lieu, transfigurent le terrain vague au milieu des cités, en un lieu d’habitations. La réalisatrice est avec eux, dans un espace-temps lié au souffle urbain et intime de ces habitants. D’ailleurs ils finissent toujours par en être chassés, expulsés et c’est bien ce perpétuel mouvement qui nourrit l’immobilité du centre. Dans les odeurs des soupes, du vernis à ongles, de la tendresse des mères, avec les bruits de la débrouille, du train au-dessus des baraques, des jeux exagérés des enfants, la notion du passage se mesure à l’oreille. Seulement la frontière entre des tentatives ratées de sédentarité et l’errance est infime. Mali Arun est dans son rythme et eux, dans le leur, et d’un coup, plus personne est étranger à l’autre. Alors on est plus dans l’errance, mais dans le présent. On est plus dans une succession d’échecs, mais dans le geste qui accueille le mouvement. Plus rien d’autre n’existe que l’épanouissement de cette fraction de vie. On voyage de Saint-Denis à Arad, de baraques en appartement, de r.e.r en voiture, on sait comment on est transporté, on sait où on va, mais cela nous échappe et apparaît là autrement et autre part, intangible, lumineux, émouvant, à l’endroit aussi surprenant que la spontanéité nait. »
Douce Mirabaud