À propos du film
"Évidence documentaire et puissance fictionnelle sont ici embrassées.
Comment ? Dans Août, la réponse de Mograbi passe par deux mécanismes de répétition : celui, comme chaque fois, d’une insistance de la demande (il ne renonce pas) et celui d’une déconstruction de l’hystérie. Comment être juste dans un monde où tout est faux ? La douleur, la colère, la rage sont simulées. Les sentiments, faux. Pour sortir de l’hystérie et aller vers le cinéma, Mograbi en revient à l’inscription vraie du documentaire."
Extrait de Après, avant l’explosion. Le cinéma d’Avi Mograbi par Jean-Louis Comolli, Les Cahiers du cinéma.
"En gros plan, dans son salon, un homme face à la caméra nous parle, separle. Il s’interroge sur son désir de film — enregistrer l’état d’esprit d’Israël pendant le mois d’Août, ce mois symptomatique où tout suffoque, s’amplifie, gronde. (…)
Ce n’est pas un regard distant qui radiographie ainsi sa propre société. Critique mais impliqué, Mograbi engage et met à l’épreuve son propre corps. Dans les rues où, filmeur, il s’expose en provoquant passants et militaires, transformant le tournage en une confrontation permanente entre son corps et la société. (…) Cette mise en scène de soi où le corps filmeur / filmé est violenté, relève autant d’une nécessaire réflexion sur la position du documentariste, que d’une véritable performance vigoureusement libératrice, inventant ainsi une forme de distanciation incarnée." Safia Benhaïm, Catalogue des 10èmes Rencontres du cinéma documentaire (2005), p9