Glissements progressifs hors du réel… c’est ce à quoi nous convient, à quarante ans d’intervalle, Un homme qui dort et Lame de fond.
Le héros de Perec (Un homme qui dort) est un exilé volontaire, exilé à l’intérieur de lui-même. Il se déprend du monde, tombe dans l’indifférence, se détache de tout jusqu’à ce que le monde vienne le rechercher. Pour Perrine Michel (Lame de fond), c’est un exil forcé : submergée par une bouffée délirante, la réalisatrice écrit le récit inquiet de cet enlisement dans la folie. Avec eux, le spectateur parcourt le chemin pour en sortir, au bord du vide, au bord du gouffre. Un point de départ : la chambre, la maison familiale ; une voix qui dit « tu », qui dit « je » ; une errance dans les rues de la ville comme à l’intérieur de soi, et l’inexorable montée de la violence jusqu’à la rédemption finale. Par le truchement d’une mise en scène brillamment orchestrée, le délire sonore et visuel fabrique une véritable poétique de la rêverie.
Annick Peigné-Giuly, Hélène Coppel (Documentaire sur grand écran)
Intervenants
En présence de Perrine Michel (cinéaste), Olivier Apprill (psychanalyste et journaliste) .