Synopsis
Depuis 1972, Volker Koepp filme la Sarmatie, qui s’étend de la Baltique à la mer Noire. Il y interroge aujourd’hui la jeunesse de ce territoire transnational mythique violemment remodelé par l’Histoire.
Sarmatie. Russie, Lituanie, Biélorussie, Pologne, Moldavie, Ukraine : dans ces terres nommées Sarmatie par les Grecs et les Romains, ces paysages qui ont inspiré les écrivains et traversé un siècle d’histoire bouillonnante, le cinéaste revient quarante ans après son premier film pour y recueillir les témoignages d’une nouvelle génération, en regard des rencontres de ses précédents films. Des jeunes femmes surtout, qui déplient pour lui tous les sens du mot exil.
À propos du film
« Toute entière invitation au voyage, l’œuvre de Volker Koepp se ressaisit et s’actualise avec une maîtrise étonnante dans In Sarmatien. Son prologue pose la métaphore du Schaktarp, glace fondue venue de Russie qui regèle sur le fleuve Niémen : une surface ni meuble ni solide, « comme nos vies ». La Sarmatie, territoire transnational qui s’étend à l’est de la Vistule de la Baltique à la mer noire, Koepp la retraverse avec la jeune génération d’aujourd’hui, d’un pas aussi juste que celui de l’accordéoniste aveugle suivi dans les travées d’un marché. Russie, Lituanie, Biélorussie, Pologne, Moldavie, Ukraine : dans ces paysages qui ont inspiré les écrivains et subi les pires exactions, le cinéaste enregistre le long témoignage de plusieurs de ses jeunes amies – des propos d’une telle densité que ces femmes accèdent presque au statut de génies des lieux. Leur rapport à leur terre d’origine se résume en un mot – l’exil – mais ce mot se déploie à l’infini : exil linguistique (du roumain appris en alphabet cyrillique sous le joug soviétique), exil affectif quand Elena dit n’avoir compris qu’au Musée de l’Holocauste de Washington que son village avait été le théâtre de meurtres de masse. Koepp capte enfin, avec une mélancolie jamais complaisante, le paradoxe douloureux selon lequel ceux qui refusent de s’exiler finissent par se sentir les plus solitaires de tous. »
Charlotte Garson, catalogue Cinéma du réel, 2014.